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L’histoire de la Commune de Paris (1871)

Un printemps de liberté et de feu

L’histoire de la Commune de Paris commence dans un contexte de guerre, de crise politique et de colère populaire. En 1870, la France de Napoléon III entre en guerre contre la Prusse. La défaite est rapide et humiliante. L’Empereur est capturé, l’Empire s’effondre, et une République est proclamée à Paris. Mais cette République naissante, dirigée par des modérés (le « gouvernement de défense nationale »), cherche rapidement à négocier la paix avec l’ennemi… en abandonnant Paris, pourtant prêt à résister.

Une ville en insurrection

La capitale, patriote et populaire, ne supporte pas cette trahison. Paris est affamée, bombardée, mais debout. Elle s’est organisée en garde nationale, une milice citoyenne largement composée d’ouvriers et d’artisans. Ces hommes armés, qui défendent leur ville, veulent aussi défendre un autre idéal de République : une République sociale, démocratique, et dirigée par le peuple lui-même.

Le 18 mars 1871, la goutte d’eau fait déborder le vase : le gouvernement tente de reprendre les canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre. Mais la population, surtout les femmes, s’interpose. L’armée fraternise avec les Parisiens. Le gouvernement fuit à Versailles. La Commune de Paris est née.

Une expérience politique inédite

Du 26 mars au 28 mai 1871, Paris est dirigée par ses propres élus, au suffrage universel, tous révocables et payés comme des ouvriers. C’est une expérience révolutionnaire, à la fois radicale et profondément démocratique. Parmi les grandes mesures de la Commune :

  • Suppression de l’armée permanente, remplacée par la Garde nationale.
  • Séparation de l’Église et de l’État.
  • Éducation gratuite, laïque et obligatoire.
  • Réquisition des logements vacants.
  • Autogestion des ateliers abandonnés.
  • Soutien actif aux femmes, notamment par des figures comme Louise Michel, André Léo ou Élisabeth Dmitrieff.

Les décisions sont prises collectivement, les débats sont passionnés, et l’enthousiasme populaire est réel. Mais la Commune reste isolée : ni la province, ni les grandes villes ne suivent massivement. Le gouvernement, retranché à Versailles, prépare la contre-attaque.

La Semaine sanglante : le massacre de la Commune

En mai, l’armée versaillaise, renforcée par les anciens prisonniers de guerre libérés par la Prusse, lance l’assaut. Du 21 au 28 mai, Paris est reconquise quartier par quartier. C’est la Semaine sanglante, une répression d’une brutalité extrême : exécutions sommaires, arrestations de masse, exécutions d’otages (dont les célèbres otages de la rue Haxo). On estime qu’entre 15 000 et 30 000 communards sont tués, et des milliers d’autres déportés.

Une mémoire vivante

La Commune n’a duré que 72 jours, mais elle a laissé une empreinte durable. Elle est devenue un symbole pour les mouvements ouvriers, socialistes, anarchistes et féministes du monde entier. Karl Marx y voyait le « prototype de la dictature du prolétariat », tandis que Bakounine saluait « la révolution faite par le peuple pour le peuple ». En France, elle fut longtemps un sujet tabou, avant d’être redécouverte et réhabilitée par les historiens, les artistes, les écrivains.

Aujourd’hui encore, la Commune de Paris est une source d’inspiration, un moment suspendu où une ville s’est levée pour inventer un autre monde, dans la liberté, l’égalité, la fraternité… et dans le feu.

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