
La distinction entre les valeurs de la République et la laïcité réside principalement dans leur nature et leur portée juridique : la laïcité est avant tout un principe juridique qui s’impose à tous, tandis qu’une valeur est un concept qui peut être partagé ou refusé.
Les conférenciers, notamment Clément Benelbaz et Julien Bouchet, soulignent l’importance de cette distinction, car la laïcité est souvent présentée à tort comme une simple valeur de la République.
Voici les différences clés :
1. La Laïcité : Un Principe Juridique
La laïcité est définie comme un principe juridique.
- L’Impératif : Un principe, par définition, s’impose à tous.
- Le Rôle de Cadre : La laïcité agit comme un cadre juridique protecteur qui garantit la coexistence pacifique de toutes les convictions, qu’elles soient religieuses, philosophiques ou non. Elle assure l’égalité de droits et de devoirs entre toutes ces convictions.
- Les Piliers Indissociables : Ce principe repose sur quatre piliers qui constituent ses fondements légaux depuis la loi de 1905 :
- La liberté de conscience, qui est un droit absolu de croire ou de ne pas croire.
- L’égalité des convictions, sans hiérarchie entre elles.
- La neutralité de l’État et des agents du service public.
- La séparation des Églises et de l’État (impliquant non-reconnaissance, non-salariat et non-financement des cultes).
Le principe de laïcité permet donc à chacun d’exister librement. L’adjectif « laïque » qualifie la République depuis 1946 et 1958, bien que sans définition constitutionnelle précise, ce qui est une source d’ambiguïtés.
2. Les Valeurs de la République
Les valeurs, quant à elles, sont des concepts moraux ou philosophiques :
- Le Choix : Contrairement à un principe, une valeur se partage ou se refuse.
- Exemples de Valeurs : Les sources citent la tolérance et la solidarité (ou la fraternité) comme exemples de concepts qui sont des valeurs, au même titre que la laïcité est parfois présentée de manière erronée.
- La Distinction avec la Tolérance : Le contraste le plus frappant est fait avec la notion de tolérance. Mirabeau disait déjà en 1789 : « Je viens prêcher la liberté de religion, non la tolérance ». Cela signifie que la liberté (un principe) est supérieure à la tolérance (une valeur), car ce que le pouvoir tolère un jour, il peut le retirer le lendemain. La tolérance dépend de la volonté d’un souverain, alors que la liberté de conscience est un droit garanti par un principe.
En résumé, la laïcité n’est pas une religion civile ni un dogme figé, mais un principe de liberté. Elle garantit que la liberté et l’égalité des convictions sont des droits inaliénables (principes), et non des faveurs accordées ou retirées au gré des opinions (valeurs).

Comments are closed